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Dans ces conditions, la figure de l’étranger nous introduit dans une compréhension spécifique d’enjeux psychiques et sociaux de la relation. Elle montre un traitement psychologique et social de sa différence en termes réducteurs : l’étranger comme autre est celui qui est moins que nous ; à bien des égards, il est considéré comme un être inférieur selon ce regard social qui le rabaisse et le place comme quelqu’un en dessous de moi, un être qui, de ce fait, devient naturellement exploitable et donc exploité. Le travailleur immigré en sait quelque chose. Toute situation d’asservissement, d’humiliation ou d’exclusion dans le monde social est, au même titre, une forme d’infériorisation, voire de déni de la qualité d’un être humain. La relation à l’étranger constitue à cet égard un enjeu paradigmatique de la reconnaissance de l’autre : reconnaître l’autre ne relève pas d’abord et uniquement d’une évaluation sociale, mais d’une exigence psychique fondamentale liée au fait qu’il est un être humain. Autrement dit, alors que nous prenons le plus souvent en compte des critères sociaux pour apprécier la valeur de l’autre en fonction notamment de l’estime et de l’approbation sociale dont il est l’objet, la reconnaissance psychique renvoie davantage au respect dû à l’autre en raison de sa qualité et de sa singularité humaine. Cela implique que je me comporte envers lui selon un « impératif catégorique » qui m’est imposé, c’est-à-dire normativement contraignant pour moi du fait que sa qualité d’être humain est identique à la mienne. Il est mon semblable. Par conséquent, il est reconnu dans sa figure d’Autre à travers notre aptitude à l’accueillir comme tel. L’Autre est dans ce sens l’enjeu fondamental de notre faculté à établir avec lui une relation véritablement humaine. Par-dessus tout, une telle relation consiste à le traiter comme mon prochain. En faisant de l’étranger mon prochain, la reconnaissance de l’autre se définit comme humanisation de ma relation à celui qui, par définition, est différent de moi, c’est-à-dire quelqu’un qui est sans valeur aux yeux de la société.
En le reconnaissant dans sa figure d’Autre sans valeur, nous manifestons la capacité de l’intégrer dans notre communauté. Par là, nous apprenons d’abord à devenir nous-mêmes véritablement humains.
BY 𝐏𝐬𝐲𝐜𝐡𝐨𝐥𝐨𝐠𝐢𝐞 𝐂𝐥𝐢𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞™
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